Pratiquer le parapente en hiver
La neige est arrivée dans nos montagnes, et tandis que la plupart des gens sortent les skis du placard, d’autres continuent de braver le froid sous leur parapente. Et oui ! Nombreux sont les pilotes qui ne se laissent pas décourager par l’hiver.
Cependant, voler dans des conditions hivernales n’est pas toujours aussi simple qu’au printemps ou en été. C’est la raison pour laquelle nous vous avons préparé une liste de conseils pour vous permettre d’apprécier les paysages enneigés en toute sérénité !
Tout d’abord, pourquoi voler en hiver ?
Ça, c’est une bonne question ! Pourquoi s’entêter à affronter le froid pour aller faire un plouf alors que l’on pourrait être bien au chaud sous son plaid avec un bon livre entre les mains, ou bien aller profiter de la poudreuse en ski ou snowboard pour les plus téméraires.
En effet, voler en hiver présente de nombreux avantages auxquels on ne pense pas forcément de prime abord.
Les conditions sont douces et calmes pour…
… profiter !
S’il est toujours possible de croiser des thermiques en période hivernale, ils se font toutefois plus rares et sont bien moins puissants que le reste de l’année. De ce fait, pratiquer le parapente en hiver permet de bénéficier de conditions moins turbulentes. De quoi enchaîner les vols 100% contemplatifs !
… parfaire sa technique
En cette période de l’année, “moins de thermiques” veut aussi dire “vols plus courts”. Et si l’hiver vous apprenait à de nouveau aimer les ploufs ?
Si un vol de quelques minutes tout droit en direction de l’atterrissage vous paraît être un concept ennuyant, souvenez-vous que c’est le moment idéal pour travailler votre technique.
Enchaîner les ploufs vous fait multiplier les décollages et les atterrissages, vous laissant ainsi le luxe de varier les techniques pour les perfectionner : dos voile, face voile, cobra… C’est aussi l’occasion de s’entraîner aux manœuvres en vol : oreilles, tangage, gestion des plages de vitesse… Bref, les conditions calmes de l’hiver sont une belle opportunité de vous entraîner sans vous faire chahuter par les thermiques.
En cette saison, vous pouvez également varier les pratiques : l’hiver est réputé pour offrir de belles conditions de soaring, par exemple, et c’est aussi la saison du vol à ski ! En plus d’être amusantes, ces différentes pratiques du parapente sont idéales pour entraîner et améliorer la précision de pilotage, alors pourquoi s’en priver ?
… renouveler son matériel
Si vous avez l’intention de changer de matériel, c’est le bon moment pour le faire ! Et oui, l’hiver est aussi la saison idéale pour se familiariser avec une nouvelle aile ou sellette.
Puisque les conditions aérologiques sont plus simples à anticiper, vous pouvez enchaîner sereinement les vols pour apprendre à connaître le comportement de votre nouveau matériel sans avoir peur de vous faire surprendre par de grosses turbulences telles qu’on pourrait en croiser au printemps.
Ainsi, explorer les capacités de votre matériel dans des conditions clémentes vous permettra d’attaquer sereinement le printemps sous une aile ou dans une sellette que vous connaissez déjà sur le bout des doigts !
…rester régulier
Ne pas voler en hiver est synonyme d’un arrêt de la pratique pendant plusieurs mois. Si vous attendez le retour des beaux jours pour vous remettre en l’air, vous risquez de perdre en réflexe de pilotage, ou du moins, la reprise sera plus difficile que si vous aviez pratiqué régulièrement pendant l’hiver.
En conclusion : voler l’hiver vous aide à rester en sécurité sous votre aile et à être plus performant au printemps !
Maintenant, parlons matériel…
…Gérer la neige
En hiver, vous serez amené à décoller et poser sur la neige, ou à défaut, sur un terrain humide, ce qui aura forcément un impact sur votre matériel si vous ne vous en occupez pas correctement.
Si le simple contact de votre aile avec la neige ne devrait pas suffire à la mouiller, faites attention aux petits blocs de neige qui peuvent se glisser à l’intérieur des caissons. Une fois rentré chez vous, cette neige fond et mouille votre matériel.
Si jamais la quantité de neige dans les caissons venait à être trop importante, le poids de cette dernière risque de déformer le profil de votre aile. Si cela vous arrive, cela peut vous exposer à une dérive involontaire de l’aile ou bien provoquer une augmentation de l’angle d’incidence, vous risquez alors le décrochage ou encore un départ vrille si vous mettez trop de commande.
C’est pourquoi, avant de voler ou replier, pensez à vérifier qu’il n’y a pas de neige dans vos caissons, et retirez-la s’il y en a.
Pour finir, le décollage sur la neige peut parfois être compliqué si la pente est un peu raide. En effet, l’aile peut avoir tendance à glisser sur le sol. Pour contre-balancer ce genre de problème, il existe des solutions pour maintenir votre aile en place comme les picots de maintien. Vendus avec des ailes typées montagne comme l’EIKO2, ces petits accessoires se connectent sur l’extrados de la voile à l’aide d’un nœud en tête d’alouette. Ensuite, il ne reste plus qu’à les planter dans la neige pour que l’aile ne bouge plus malgré le terrain glissant. L’impulsion que vous mettrez au décollage pour gonfler votre aile est une force suffisante pour décrocher les picots de la neige. Pratique non ?
Les composants de la sellette ne sont pas épargnés par la neige non plus ! En effet, il peut arriver que de la glace se loge dans les mécanismes du mousqueton, pouvant alors bloquer le système de fermeture. Pour votre sécurité, vérifiez le bon verrouillage de vos mousquetons avant chaque décollage.
De la même manière que pour les mousquetons, certaines sellettes équipées de boucles automatiques demandent tout autant d’attention : si de la glace vient se loger dans la boucle, la fermeture pourrait ne pas se faire correctement. Là encore, redoublez d’attention lorsque vous vous attachez.
Une fois rentré chez vous, dépliez votre aile. Si vous n’avez pas la place de l’étendre, mettez la en boule ou bien ouvrez le sac de compression ou la chaussette dans laquelle votre aile est rangée pour aider le tissu à sécher. Il est important de faire sécher votre aile dans un endroit sec, à température ambiante et à l’abri de la lumière. Ne la laissez surtout pas sécher à côté d’un chauffage ou dans une cave humide, par exemple.
Après une journée de vol sur la neige, faites également attention à ne pas stocker votre sellette dans son sac si elle est encore humide. En effet, il n’est jamais exclu qu’un bloc de neige se glisse dans la sellette pendant la prévol ou lors du repliage. Pour limiter ce risque, vérifiez les poches de votre sellette ainsi que l’airbag.
Enfin, si vous faites de nombreux décollages et atterrissages dans la neige durant toute la saison, il peut être prudent de penser au parachute de secours également. Bien qu’il soit normalement à l’abri dans sa poche secours verrouillée, il vaut mieux s’assurer de l’aérer et le replier en fin de saison hivernale si vous soupçonnez que de la neige se soit glissée dans le compartiment.
… nettoyage et entretien
En ce qui concerne l’entretien du matériel, il n’est pas rare de croiser un peu de terre qui risque de tâcher votre matériel si le terrain est enneigé ou humide. Si vous souhaitez nettoyer ces traces, un chiffon propre et de l’eau douce suffisent, n’utilisez surtout pas de produit nettoyant agressif !
De plus, gardez à l’esprit que mouiller et frotter une aile à répétition n’est pas non plus bénéfique pour le tissu car cela pourrait user ce dernier. Ainsi, vous n’êtes pas obligé de nettoyer chaque petite tache dès que vous en apercevez une. Rappelez-vous : une aile totalement propre est une aile qui ne vole pas !
Pour finir, la neige et la glace sont deux éléments très abrasifs pour votre matériel. Il faut donc prendre soin de votre équipement en limitant les frottements inutiles du matériel contre le sol et en le contrôlant régulièrement dans un centre agréé.
Et le vol à ski ?
Mêler ski et parapente fait partie des joies de l’hiver. Quand le plaisir de la glisse à ski vient s’additionner à celui du vol, on ne peut qu’avoir envie de s’adonner à cette pratique !
…double sport, doubles compétences !
Si vous n’avez encore jamais essayé le vol à ski, gardez bien à l’esprit que vous devez maîtriser ces deux sports pour pratiquer en toute sécurité. Savoir skier est tout aussi important que savoir voler et aucune de ces deux compétences ne doit être négligée.
…prenez soin de votre matériel
Les carres de vos skis sont tranchantes et risquent d’abîmer vos suspentes ou les tissus de votre matériel si vous n’êtes pas assez vigilants.
Lorsque vous chaussez vos skis au décollage, prenez garde à bien éloigner les suspentes de la semelle de vos skis. Il en va de même lorsque vous affalez votre aile à l’atterrissage ou si elle retombe sur vous lors d’un décollage raté.
Si vous pensez avoir skié sur le matériel par mégarde, effectuez un contrôle visuel pour vérifier que rien n’a été endommagé et amenez-le en vérification à un atelier professionnel en cas de doute.
Aussi, lorsque vous volez à skis, faites attention au matériel de vol que vous choisissez d’utiliser. Il est par exemple déconseillé d’utiliser une sellette qui s’enfile, car passer les chaussures de ski ou des crampons dans les cuissardes pourrait accrocher et endommager le tissu.
Les sellettes comme la RADICAL4 ou encore l’EVEREST3 ont été pensées pour que les cuissardes puissent s’ouvrir. Ainsi, s’installer dans la sellette est facile, même en montagne lorsque vous portez des chaussures de ski ou des crampons et il n’y a donc plus de risque d’abîmer la sellette de cette manière.
…faites attention à votre environnement
À part pour les adeptes de montée en ski de randonnée, le vol à ski se pratique le plus souvent en station. Si les rotations en remontées mécaniques sont pratiques et confortables, il faut tout de même faire attention à certains points :
Assurez-vous d’avoir chaussé correctement vos skis ! Malheureusement, il n’est pas rare de voir un ski se balader tout seul dans la montagne après qu’un pilote l’ait perdu en l’air.
Si le ski tombe en dehors des pistes, vous aurez peut-être quelques difficultés à aller le chercher, mais ça ne sera pas plus grave que ça. En revanche, si vous perdez un ski au-dessus d’un endroit fréquenté, la chute du matériel peut causer des dommages matériels, ou pire, blesser quelqu’un.
Si contrôler son équipement de vol est primordial, ne négligez surtout pas la vérification de votre matériel de ski non plus.
Ensuite, lorsque vous empruntez les remontées mécaniques, faites attention au pliage de votre matériel ! Si une suspente ou une sangle vient à dépasser de votre sac, elle peut alors se prendre dans les mécanismes des remontées mécaniques, soyez donc vigilant lorsque vous rangez votre équipement…
Bien se couvrir, c’est essentiel
Bien que ce conseil paraisse évident, il ne suffit pas de multiplier les couches pour être à l’aise en vol. Et oui ! Le but est de se mettre au chaud tout en conservant de la mobilité, que ce soit au décollage ou en l’air.
…protéger les parties sensibles
En vol, ce sont les extrémités du corps qui sont les plus exposées au froid : c’est-à-dire vos mains, vos pieds et votre visage. Mais comment les protéger correctement du froid ?
Utiliser des gants trop épais pourrait réduire les sensations de tension dans les commandes, impactant par la même occasion la précision de votre pilotage. Dans ces cas-là, des solutions comme les gants chauffants ou encore les manchons en duvet sont plus avantageuses pour garder les mains en chaud tout en restant efficace au pilotage.
Ensuite, protégez votre visage ! Le combo masque et tour de cou fonctionne bien pour ça. Et si vous avez de la place sous votre casque, vous pouvez aussi envisager de porter un bonnet pour garder la tête et les oreilles au chaud.
…se mettre au chaud en toute sécurité
Aussi, le fait de démêler vos suspentes et préparer votre matériel avec des gants trop épais peut se révéler peu commode lors de la prévol. Vous pouvez donc envisager de prendre avec vous des gants plus fins, le temps de mettre en place votre matériel.
Pour ce qui est des pieds, il n’y a pas de recette miracle : des chaussures imperméables et des chaussettes épaisses sont la solution. Si vous disposez d’une sellette cocon, n’hésitez pas à l’utiliser pendant l’hiver ! Le speedbag constitue une barrière de plus entre vous et le froid, alors pourquoi s’en priver ?
Nous espérons que nos conseils et astuces vous aideront à voler plus sereinement quelle que soit la saison !
Alors, voler en hiver, ça vous tente ?